Révolution du 4 septembre 1870 (1) - le Gouvernement de la défense nationale



4 septembre à l'assemblée



Quelques liens

4 sept assemblée Journal Officiel du lundi 5 p2 col3, suite séance p4 col1     https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580125s/f2.item
4 septembre soir Moniteur du 7 septembre.   ​https://www.retronews.fr/journal/gazette-nationale-ou-le-moniteur-universel/07-septembre-1870/149/1444461/2
4 sept sénat Journal Offciel du 6 septembre p2 col4   ​https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65801266/f2.item.zoom


(/cheminement de la journée avec la proposition de Thiers.)


Séance du 4 septembre 1870 au soir. Comment Thiers dissout l'assemblée.


M. Thiers. Messieurs, nous n'avons plus que quelques instants à passer ensemble. Mon motif pour ne pas adresser de question à MM. Jules Favre et Simon a été que si je le faisais, c'était reconnaître le gouvernement qui vient de naître des circonstances. (1) Avant de le reconnaître, il faudrait résoudre des questions de fait et de principes qu'il ne nous convient pas de traiter actuellement.

La combattre aujourd'hui serait une oeuvre antipatriotique (2) Ces hommes doivent avoir le concours de tous les citoyens contre l'ennemi. Nous faisons des voeux pour eux, et nous ne pouvons actuellement les entraver par une lutte intestine. Dieu veuille les assister ! Ne nous jugeons pas les uns les autres. Le présent est rempli de trop amères douleurs.

(1) mensonge, cela aurait engagé la discussion, ce qu'il ne souhaite pas.

(2) premier de ses arguments


M. Roulleaux-Dugage. Quel rôle devons-nous jouer dans nos départements ?


M. Thiers. Dans nos départements, nous devons vivre en bons citoyens, dévoués à la patrie. Aussi longtemps qu'on ne nous demandera rien de contraire à notre conscience et aux vrais principes sociaux, notre conduite sera facile. Nous ne nous dissolvons pas (3) ; mais, en présence de la grandeur de nos malheurs, nous rentrons dignement chez nous (4), car il ne nous convient ni de reconnaître ni de combattre ceux qui vont lutter ici contre l'ennemi.

(3) mensonge

(4) deuxième argument, partir "dignement".


Une voix. Mais comment saura-t-on ce qui s'est dit ici ?


M. Thiers. Veuillez vous en rapporter à moi, vous qui m'avez fait l'honneur de me donner une présidence de quelques minutes dans ces douloureuses circonstances. Je m'entendrai avec M. Martel et vos secrétaires pour la rédaction d'un procès-verbal.


M. Buffet. Ne devons-nous pas rédiger une protestation ?


M. Thiers. De grâce, n'entrons pas dans cette voie. Nous sommes devant l'ennemi, et, pour cela, nous faisons tous un sacrifice aux dangers que court la France : ils sont immenses. Il faut nous taire, faire des voeux et laisser à l'histoire le soin de juger.


M. Pinard (du Nord). Nous ne pouvons pas garder le silence devant la violence faite à la Chambre ; il faut la constater !


M. Thiers. Ne sentez-vous pas que si vous opposez ce souvenir comme une protestation, il rappellera aussi celui de la violation d'une autre Assemblée ? Tous les faits de la journée ont-ils besoin d'une constatation ?


M. le comte Daru. Les scellés ont été mis sur la porte de la Chambre.


M. Thiers. Y a-t-il quelque chose de plus grave que les scellés sur les personnes ? N'ai-je pas été à Mazas ? Vous ne m'entendez pas m'en plaindre.


M. Grévy. Le gouvernement provisoire, auprès duquel vous m'aviez fait l'honneur de me déléguer avec la mission de lui parler comme à des collègues, n'avait pu nous donner sa réponse définitive. Il nous avait promis de délibérer pour nous la transmettre en nous indiquant neuf heures du soir. Je ne comptais pas que cette heure aurait été devancée ; c'est pourquoi je ne suis pas venu ici plus tôt.

Nous sommes arrivés trop tard à l'Hôtel-de-Ville. Il y avait déjà un gouvernement provisoire qui s'y était installé. Nous y avons lu l'épreuve qu'on nous a montré d'une proclamation qui nous a convaincus que notre mission était devenue sans objet.


M. Alfred Le Roux. (qui aurait dû présider l'assemblée). Je n'ai pu aussi venir ici plus tôt, parce que ayant été chargé par vous de voir M. le général Trochu j'ai dû me rendre auprès de lui. Je m'y suis rendu avec M. Estancelin. Là aussi nous avons reconnu qu'il était trop tard.

Mon devoir est maintenant de vous dire que j'ai été en cette circonstance autant qu'il était en moi votre fidèle interprète.


M. le duc de Marmier. Vous me permettrez à moi, dont le père a longtemps commandé la garde nationale de Paris, de vous exprimer une pensée consolante, c'est celle que nos envahisseurs n'appartenaient pas à cette garde nationale, mais à celle de la banlieue.


M. Buquet. Je proteste contre les actes qui viennent de s'accomplir, particulièrement contre toute idée de séparation. Je suis d'accord complètement avec les paroles de protestation que M. Buffet a fait entendre tout à l'heure dans notre séance de quatre heures contre la violence dont la représentation nationale a été l'objet. (Mouvement et agitation.)


MM. Buquet, Pinard, de Saint Germain et quelques autres membres déclarent qu'ils protestent.


M. Thiers. De grâce, ne rentrons pas dans la voie des récriminations ; cela nous mènerait trop loin, et vous devriez bien ne pas oublier que vous parlez devant un prisonnier de Mazas (5). (Mouvement.)

J'espérais que nous nous séparerions profondément affligés, mais unis. Je vous en supplie, ne nous laissons pas aller à des paroles irritantes ! suivez mon exemple. Je réprouve (6) l'acte qui s'est accompli aujourd'hui, je ne peux approuver aucune violence (7), mais je songe que nous sommes en présence de l'ennemi, qui est près de Paris (8).

(5) Menace allusive

(6) Mensonge

(7) / (Lyon 34, proposition de février 48; mai 71 à venir)

(8) retour à l'argument "antipatriotique" 


M. Girault. Je partage l'opinion de M. Buffet quand il a protesté dans la séance de quatre heures. Nous ne devons pas faire de politique ni nous diviser. Amenons le gouvernement à s'entendre avec la Chambre. De cette façon, nous serons d'accord avec les départements. Soutenons-nous et soutenons la France. Je vais aller à l'Hôtel-de-Ville. Si on ne veut pas m’écouter, je protesterai.


M. Thiers. Voulez-vous renouveler toutes les discussions des dernières années ? je ne crois pas que ce soit convenable. (9)

Je proteste contre la violence que nous avons subie aujourd'hui, et contre toutes les violences de tous les temps dirigées contre nos Assemblées, mais ce n'est pas le moment de donner cours aux ressentiments. Est-il possible de nous mettre en hostilité avec le gouvernement provisoire en ce moment suprême ? (10)

En présence de l'ennemi qui sera bientôt sous Paris, je crois que nous n'avons qu'une chose à faire : nous retirer avec dignité (11). (L'émotion de M. Thiers se communique à toute l'Assemblée.

(9) ne veut pas de l'assemblée

(10) re argument antipatriotique

(11) re dignité


La séance est levée à dix heures.

Les secrétaires du Corps législatif,

MARTEL, PEYRUSSE.



Le "nous".

Thiers utilise le fait de s'être mis de côté pour s'inclure parmi les députés non gouvernants. Il est cependant au coeur du nouveau Gouvernement de la défense nationale.

Simulacre de février 1848 à l'hôtel de ville. GDN "à la" Gouvernement provisoire. 



jo du 5

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580125s/f1.item.zoom


PARTIE OFFICIELLE

Paris, le 4 septembre.


FRANCAIS !

Le Peuple a devancé la Chambre, qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République.

Il a mis ses représentants non au pouvoir mais au péril;

La République a vaincu l'invasion en 1792; la République est proclamée.

La Révolution est faite au nom du droit, du salut public.

Citoyens, veillez sur la Cité qui vous est confiée ; demain vous serez, avec l'armée, les vengeurs de la Patrie !

__


CITOYENS DE PARIS,

La République est proclamée.

Un Gouvernement a été nommé d'acclamation.


- il se compose des citoyens :

Arago, Glais-Bizoin, Crémieux, Pelletan, Favre, Picard, Ferry, Rochefort, Gambetta, Simon, Garnier-Pagès,

Représentants de Paris (manque le principal : Thiers).


Le général TROCHU est chargé des pleins pouvoirs militaires pour la défense nationale.

Il est appelé à la présidence du Gouvernement.


Le Gouvernement invite les Citoyens au calme; le Peuple n'oubliera pas qu'il est en face de l'ennemi.

Le Gouvernement est, avant tout, un Gouvernement de défense nationale.


Le Gouvernement de la défense nationale a composé le ministère comme il suit :

Ministre des affaires étrangères JULES FAVRE

Ministre de l'intérieur, GAMBETTA.

Ministre de la guerre GL LE FLO.

Ministre de la marine. FOURICHON.

Ministre de la Justice. CREMIEUX.

Ministre des finances. ERNEST PICARD

Ministre de l'instruction publique et des cultes. JULES SIMON.

Ministre des travaux publics. DORIAN.

Ministre de l'agriculture et du commerce . MAGNIN.

Le ministère de la présidence du conseil d'Etat est supprimé.

M. Steenackers est nommé directeur des télégraphes.


note : Thiers absent de la liste. Élu de la Seine le plus influent du jour (d'où sa manœuvre avec les autres). Sera pourtant considéré comme représentant du gouvernement par Bismarck le 31 octobre. (voir /Thiers de septembre à octobre, "chargé d'une mission conciliatrice" cf ex jo 16 sept p2 /Espagne. 


REPUBLIQUE FRANÇAISE

Le Gouvernement de la défense nationale décrète :

Le Corps législatif, est dissous ;

Le Sénat est aboli.


Général TROCHU, président.
Xxx signatures


- -

MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR


A MM. les préfets, sous-préfets, généraux, gouverneur général de l'Algérie, et à toutes les stations télégraphiques de France.

La déchéance a été prononcée au Corps législatif.

La République a été proclamée à l'Hôtel de Ville.

Un gouvernement de défense nationale composé de onze membres, tous députés de Paris, a été constitué et ratifié par l'acclamation populaire.

Les noms sont :

ARAGO (Emmanuel),CRÉMIEUX, FAVRE (Jules), FERRY, GAMBETTA, GARNIER-PAGÈS, GLAIS-BIZOIN PELLETAN, PICARD, ROCHEFORT, SIMON.

Le général TROCHU, investi des pleins pouvoirs militaires pour la défense nationale, a été appelé à la présidence du gouvernement.

Veuillez faire afficher immédiatement et au besoin proclamer par le crieur public la présente déclaration.

Pour le gouvernement de défense nationale, Le ministre de l'intérieur,

LÉON GAMBETTA.

Paris, le 4 septembre 1870, six heures du soir.



Journaux officiels.


Pour l'anecdote, en cherchant le dernier "Journal officiel de l'empire français", je me suis rendu compte qu'il y avait eu une édition du 5 septembre 1870.


journal officiel de l'empire français / fin : 5 septembre inclus    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32802031s/date1870
Journal officiel de la République française / début : 5 septembre inclus  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328020909/date1870.r=


Le 4 septembre.

journal officiel de l'empire français du 4 sept  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580124c/f1.item.zoom 

corps législatif du samedi 3


Le 5 Empire

journal officiel de l'empire français du 5 sept  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2100280b/f1.item.zoom

(le même pour la déclaration, mais corps législatif du vendredi 2)


Le 5 République

Journal officiel de la République française du 5 septembre   https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580125s/f1.item.zoom


"deuxième année" persistant en septembre 1870. ( Le marché expirant le 31 décembre 1868, renégociations des droits d'imprimer les journaux officiels. Mise en adjudication publique le 24 septembre 68, Witterscheim l'emporte. Journal officiel de l'Empire français. Commence le 1 janvier 1869.)




Trajectoires du GDN


Tours 15 septembre


Journal officiel du 13 septembre

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580133b/f1.item.zoom

Paris, le 12 septembre.

Le Gouvernement de la défense nationale,

Considérant qu'il est indispensable, en cas d'investissement de Paris, que le Gouvernement conserve sa complète liberté d'action pour organiser la défense dans les départements et maintenir l'administration,


Décrète :

Art. 1er. M. Crémieux, membre du Gouvernement de la défense nationale, garde des sceaux, ministre de la justice, est délégué pour représenter le Gouvernement et en exercer les pouvoirs.

Art. 2. Chaque département ministériel sera représenté près de lui par un délégué spécial, chargé du service de ce département.

Art. 3. Le membre du Gouvernement de la défense nationale aura son siège à Tours et pourra le transporter partout où l'exigeront les nécessités de la défense.

Art. 4. Les pouvoirs conférés par le présent décret cesseront quand les relations avec Paris redeviendront libres.

Art. 5. Chacun des ministres est chargé de l'exécution du présent décret, en ce qui concerne son département respectif.

Fait à l'Hôtel de ville de Paris, le 12 septembre 1870.

Les membres du Gouvernement de la défense nationale,

GÉNÉRAL TROCHU, EMMANUEL ARAGO, CRÉMIEUX , JULES FAVRE, JULES FERRY, GAMBETTA, GARNIER-PAGËS, GLAIS-BIZOIN, PELLETAN, E. PICARD, ROCHEFORT, JULES SIMON



le 16 - JO du samedi 17 septembre.

Le Gouvernement de la défense nationale décrète : M. Glais-Bizoin, membre du Gouvernement, et l'amiral Fourichon, ministre de la marine, se rendront à Tours et y formeront, avec le garde des sceaux, la délégation du Gouvernement de la défense nationale, appelée à exercer les pouvoirs de ce Gouvernement dans les départements non occupés par l'ennemi. Ces pouvoirs dureront autant que l’ investissement de la capitale.

Fait à l'Hôtel de ville de Paris, le 16 septembre 1870.

(Suivent les signatures).

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Le Gouvernement de la défense nationale,

Considérant que le général Le Flô, représentant du peuple, rayé des cadres de l'armée à raison de sa résistance au coup d'Etat du 2 décembre 1851, a été restitué dans ses droits par le décret du 12 septembre 1870.

DÉCRÈTE :
Le général de brigade Le Flô est réintégré dans l'armée avec le grade de général de division, à la date du 2 décembre 1851.
Paris, le 16 septembre 1870.
(Suivent les signatures.)

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3e colonne

relégation du ministère de l’intérieur à Tours depuis mardi


___

/De Tours à Bordeaux


transfert Tours / Bordeaux 8 décembre (JO du 27 dec)

Fourichon -> Brest

Gambetta -> Lyon (écarté)

Bordeaux compromis.



(Je n'aborde pas ici la politique du Gouvernement de la défense nationale)